lundi 8 novembre 2010

RAYMOND QUENEAU "EXERCICES DE STYLE"

Le narrateur rencontre dans un bus un jeune homme au long cou, coiffé d'un chapeau orné d'une tresse tenant lieu de ruban. Ce jeune homme échange quelques mots assez vifs avec un autre voyageur, puis va s'asseoir à une place devenue libre. Un peu plus tard, le narrateur revoit ce jeune homme qui est maintenant en train de discuter avec un ami. Celui-ci lui conseille de faire remonter le bouton supérieur de son pardessus.

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L'arc-en-ciel
Un jour, je me trouvai sur la plate-forme d'un autobus violet. Il y avait là un jeune homme assez ridicule : cou indigo, cordelière au chapeau. Tout d'un coup, il proteste contre un monsieur bleu. Il lui reproche notamment, d'une voix verte, de le bousculer chaque fois qu'il descend des gens. Ceci dit, il se précipite, vers une place jaune, pour s'y asseoir. Deux heures plus tard, je le rencontre devant une gare orangée. Il est avec un ami qui lui conseille de faire ajouter un bouton à son pardessus rouge.

Lettre officielle
J'ai l'honneur de vous informer des faits suivants dont j'ai pu être le témoin aussi impartial qu'horrifié.
Ce jour même, aux environs de midi, je me trouvais sur la plate-forme d'un autobus qui remontait la rue de Courcelles en direction de la place Champerret. Ledit autobus Était complet, plus que complet même, oserai-je dire, car le receveur avait pris en surcharge plusieurs impétrants, sans raison valable et mû par une bonté d'âme exagérée qui le faisait passer outre aux règlements et qui, par suite, frisait l'indulgence. À chaque arrêt, les allées et venues des voyageurs descendants et montants ne manquaient pas de provoquer une certaine bousculade qui incita l'un de ces voyageurs à protester, mais non sans timidité. Je dois dire qu'il alla s'asseoir dès que la chose fut possible.
J'ajouterai à ce bref récit cet addendum : j'eus l'occasion d'apercevoir ce voyageur quelque temps après en compagnie d'un personnage que je n'ai pu identifier. La conversation qu'ils échangeaient avec animation semblait avoir trait à des questions de nature esthétique. Étant données ces conditions, je vous prie de vouloir bien, monsieur, m'indiquer les conséquences que je dois tirer de ces faits et l'attitude qu'ensuite il vous semblera bon que je prenne dans la conduite de ma vie subséquente.  Dans l'attente de votre réponse, je vous assure, monsieur, de ma parfaite considération empressée au moins.

Imparfait
C'était midi. Les voyageurs montaient dans l'autobus. On était serré. Un jeune monsieur portait sur sa tête un chapeau qui était entouré d'une tresse et non d'un ruban. Il avait un long cou. Il se plaignait auprès de son voisin des bousculades que ce dernier lui infligeait. Dès qu'il apercevait une place libre, il se précipitait vers elle et s'y asseyait.
Je l'apercevais plus tard, devant la gare Saint-Lazare. Il se vêtait d'un pardessus et un camarade qui se trouvait là lui faisait cette remarque : il fallait mettre un bouton supplémentaire.

Botanique
Après avoir fait le poireau sous un tournesol merveilleusement épanoui je me greffai sur une citrouille en route vers le champ Perret. Là je déterre une courge dont la tige était montée en graine et le citron surmonté d'une capsule entourée d'une liane. Ce cornichon se met à enguirlander un navet qui piétinait ses plates-bandes et lui écrasait ses oignons. Mais, des dattes ! fuyant une récolte de châtaignes et de marrons, il alla se planter en un terrain vierge.
Plus tard je le revis devant la serre des banlieusards. Il envisageait une bouture de pois chiche en haut de sa corolle.

Zoologique
Dans la volière qui, à l'heure où les lions vont boire, nous emmenait vers la place Champerret j'aperçus un zèbre au cou d'autruche qui portait un castor entouré d'un mille-pattes. Soudain, le girafeau se mit à enrager sous prétexte qu'une bestiole voisine lui écrasait les sabots. Mais pour éviter de se faire secouer les puces il cavala vers un terrier abandonné. Je le revis plus tard devant le jardin d'acclimatation Plus tard, devant le Jardin d'Acclimation, je revis le poulet en train de pépier avec un zoziau à propos de son plumage.


Exercice proposé
Dans un restaurant, à une table voisine, un couple, formé d’un homme vêtu d’un veston tâché, et d’une femme avec une épaisse tignasse rousse, discute fermement. Après quelques minutes, la femme se lève et jette son verre à la figure de l’homme. Elle sort du restaurant en pleurant. L’homme la suit en courant.

Version de Carmen Mena sous forme d'une lettre d'amour: 

"Mon amour, je suis indigné par ton comportement au restaurant, parce que, ma Belle, j'adore ton épaisse tignasse rousse. Je ne m'attendais vraiment pas à ce que tu me jettes ton verre sur mon veston tâché, Ma toute aimée, j'en suis navré, j'irais jusqu'au bout du monde pour obtenir ton pardon. Je ne supporte pas de voir couler tes larmes à cause de mon oubli."




Cliquez ici pour remplir la chanson de Jacques Brel "Ne me quitte pas"

Version de Mari Carmen (intermédiare)
La semaine dernière, j'étais au restaurant "Bon Appétit" il y avait un couple à la table à côté de la mienne. La dame avait une grande tignasse rousse et portait un extraordinaire manteau bleu. L'homme, au contraire portait un horrible veston tâché et une cravate à motifs avec des éléphants. Ils parlaient tranquillement de différentes choses, quand l'homme lui a dit que la tignasse que la dame portait lui rappelait sa grand mère. La dame, qui n'était pas d'accord avec ses mots, lui à répondu qu'il était trés peu poli et qu'elle lui avait acheté un merveilleux cadeau, mais elle ne pensait pas  le lui donner. Après la dame a abandonné la table en pleurant. L'homme l'a suivi, parce qu'il a pensé que c'était vrai, il avait été très dur avec elle. Finallement tous les clients ont applaudi la réconciliation du couple.   

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